Internet et confinement : doit-on brider Netflix ?

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Depuis le début du confinement, mardi 17 mars dernier, on entend beaucoup parlé de “saturation des réseaux”, laquelle entraînerait alors de sérieux risques pour l’Internet. Une situation qui justifierait des mesures discriminatoires et autoritaires comme le ralentissement de Netflix ou bien le blocage total de la plateforme ; le but étant de laisser place à un “trafic web sérieux”. Y a-t-il réellement une saturation des réseaux web ?

Depuis plusieurs jours maintenant, la France comme de nombreux autres pays dans le monde est confinée. Un confinement qui durera encore sans aucun doute plusieurs semaines, la durée exacte de cette mesure dépendant avant tout de l’évolution de l’épidémie de Covid-19. Dans cette situation de confinement exceptionnelle, nous sommes bien entendu tous encore plus dépendants d’Internet : de nombreux salariés sont en télétravail, les enfants étudient à la maison et nous sommes tous plus que jamais sur Internet pour nos activités quotidiennes (distractions, commandes des courses alimentaires, etc). Une ultra-dépendance au web qui suscite visiblement quelques inquiétudes.

Ces derniers jours, plusieurs médias et dirigeants politiques -parmi lesquels Thierry Breton-, ont ainsi réclamé des mesures de limitation du trafic visant notamment les plateformes de services vidéo comme Netflix. De son côté, sur Twitter, le secrétaire d’État au numérique, Cédric O, a appelé à « privilégier le wifi, télécharger ses séries la nuit plutôt que les regarder en streaming [et] éviter la 4K ». Pour sa part, Netflix a décidé, suite à une demande du commissaire européen Thierry Breton, de brider la qualité de son flux vidéo afin de réduire la quantité de données nécessaire au visionnage de ses séries, films et reportages. Des mesures qui apparaissent au premier abord justifiées puisque de nombreux utilisateurs de ce type de services ont constaté des lenteurs d’accès à certains sites, entraînant l’affichage de messages comme “temps de réponse dépassé”. Alors, des mesures de limitation du trafic sont-elles réellement à envisager ? Autrement dit, Internet peut-il vraiment “planter” si tout le monde l’utilise durant le confinement ?

Internet peut-il vraiment cesser de fonctionner si les Français n’en réduisent pas leur utilisation ?

Selon les professionnels du secteur, le réseau web serait construit de manière à faire face à une augmentation considérable de trafic. Cependant, la situation pourrait bien se compliquer si le confinement devient encore plus strict. Alors, Internet va-t-il vraiment “planter” si nous ne parvenons pas à en limiter son utilisation ? La réponse est non, à en croire Nicolas Guillaume, dirigeant de Netalis (opérateur télécom régional) et secrétaire général de l’Association des opérateurs télécom alternatifs (Aota).

« Il faut bien distinguer trois choses quand on parle de réseau Internet, explique-t-il à nos confrères de Libération. En fixe comme en mobile, il y a des points de collecte du trafic au niveau local. Chez certains opérateurs, il peut exister quelques goulots d’étranglement à ce niveau-là, mais au niveau très local, et surtout en zone rurale. Ensuite, le deuxième niveau, ce sont les réseaux longue distance, qui transportent le trafic en fibre optique. Là, c’est l’autoroute, il n’y a pas de souci. Le dernier point, ce sont les cœurs de réseau, principalement à Paris et à Marseille. Il n’y a pas de saturation non plus à l’heure actuelle. À la limite, à ce niveau-là, c’est l’interconnexion entre les opérateurs [fournisseurs d’accès à Internet, ndlr] et les plateformes, comme Netflix ou Youtube, qui peut être compliquée en ce moment. Et cette interconnexion, ça coûte de l’argent. Principalement à celui qui injecte le trafic sur le réseau. » C’est notamment ce qui peut expliquer la décision prise par Netflix.

Le confinement total, un risque majeur pour Internet ?

Du côté d’Orange, pas d’inquiétude non plus. « Nos réseaux sont conçus avec une réserve importante de capacité, pour pouvoir notamment répondre à des pics de trafic violents », précise notamment Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux internationaux du groupe.

Ainsi, depuis le début du confinement, il y a donc bien eu une augmentation de la data, mais surtout en ce qui concerne la voix ; data ayant quasiment doublé dans de nombreux pays comme l’Italie. Cependant, tant que les opérateurs possèdent la capacité de gérer le réseau et intervenir pour en augmenter les capacités notamment, aucun risque qu’Internet ne cesse de fonctionner.

Un risque persiste néanmoins, selon Jean-Luc Vuillemin : le confinement total. Si une telle mesure est adoptée par le gouvernement, alors les Français ne pourraient plus du tout sortir, même pour travailler. De ce fait, Internet pourrait alors bien rencontrer des difficultés à absorber un trafic trop important et des mesures nettement plus restrictives devront alors êtres adoptées.

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